Compte rendu de la réunion publique du 3 mars

Salle comble jeudi 3 mars dernier à Crest pour échanger sur la question du plomb dans l’eau du robinet de la ville bordée par la Drôme. La Drôme est une rivière symbole de la dépollution en France. 

Le collectif d’usagers de l’eau du robinet de la ville – formé en octobre 2015 suite à l’intoxication d’un enfant, il réunit plusieurs dizaines d’usagers aujourd’hui – organisait une réunion publique afin d’informer, de débattre, de mobiliser et de répondre aux questions des habitants de la ville pour que la qualité de leur eau du robinet redevienne une priorité de la Mairie.

 

L’atmosphère était sérieuse, voir studieuse. Plusieurs médias étaient représentés. Les échanges avec le public et les témoignages d’habitants ont rendu manifeste le manque d’information sur la question et la déception d’avoir vu la question du plomb dans les canalisations publiques de la ville apparaitre puis disparaitre à plusieurs reprises des priorités de la municipalité. 

 

Dans la salle des Acacias ce soir là, plusieurs personnes avaient fait le déplacement avec leurs enfants, parfois leurs petits enfants. Essentiellement habitants de Crest, la question de la situation des villages alentours a été évoquée. Mais c’est la situation de Crest ville de 8 000 habitants dont 1/3 du réseau de canalisations public contient encore du plomb (selon les indications verbales de la mairie) – qui mobilisait ces habitants ce soir là. La plupart avait entendu parler du sujet par des tracts, des courriers ou du bouche à oreille de voisinage. Plusieurs personnes ignoraient que des analyses gratuites étaient proposées par la Mairie. A part les membres du collectif, personne ne savait vraiment ce que la mairie rend public et ce que la mairie retient en matière d’information sur ce sujet. 

 

Plusieurs personnes s’accordaient sur le fait que le manque de transparence sur le sujet est plus efficace pour inquiéter que pour rassurer les habitants.

 

L’importance de la distinction entre taux de plomb dans l’eau (dont certains résultats d’analyses peuvent être consultés ici) et dans le sang (plombémie), la distinction entre canalisations publiques et privées, un aperçu des problèmes de santé liés au plomb ainsi que les différentes sources d’exposition au plomb ont été évoqués dans la discussion

 

Le collectif a  rappelé que la mairie s’est longtemps basé sur le taux de plomb au 2ème jet alors que c’est le 1er qui fait foi. Le Maire de Crest a enfin admis la norme officielle au conseil municipal du 22 février 2016 (soit 18 ans après la promulgation en 1998 de la norme de 10 ug/l de plomb dans l’eau, avec une entrée vigueur en 2013) ! A ce jour le site internet de la ville n’a toujours pas été corrigé. Idem pour les courriers de retours d’analyses envoyés aux usagés qui en ont fait la demande.

 

Rappelons que l’eau du robinet est réputée non-potable si le taux de plomb est supérieur à 10 ug/l au 1er jet.

Voici un document PDF qui récapitule quelques informations de base sur le plomb dans l’eau et notre collectif.

Programme de la réunion

– Introduction
– Questions/réponses
– Source d’exposition au plomb et norme européenne
– Point sur le plomb et la santé (réalisé à partir des documents officiels disponible)
– Témoignages pour comprendre l’historique de Crest
– Présentation des actions du collectif
– Compte-rendus des échanges avec la Mairie
– Présentation de la carte localisant les résultats d’analyse
– Questions/réponses avec le public
– Conclusion et échanges sur les prochaines actions

 

Les éléments écrits de support à la présentation

Pour lire les documents techniques sur lesquels nous nous sommes basés :

Photographies de la réunion

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Suite à cette réunion, les objectifs prioritaires du collectif demeurent :

  • Informer les personnes concernées par la présence de plomb ainsi que le milieu de la petite enfance afin de toucher en priorité les jeunes parents.
  • Exiger que la mairie rende publics tous les résultats d’analyses collectés, ainsi que les éléments cartographiques sur le réseau de canalisations publiques en plomb, s’il y en a.
  • Obtenir un bilan précis des investissements et du nombre de changements de canalisations en plomb depuis 1998 et obtenir un engagement sur les travaux menés d’ici 2020.
Ce dernier point est motivé par les faits suivants :
  • Dans un rapport daté de mai 2003, la mairie de Crest évoque 1600 canalisations publiques restant en plomb. 
  • Dans un extrait de compte rendu du conseil municipal de 2006, la mairie de Crest évoque 1300 à 1500 branchements publics restant en plomb.
  • En 2006 la mairie de Crest publie sont agenda 21 dans lequel elle affirme que toutes les canalisations au plomb seront retirées d’ici 2013, dans le respect de la loi.
 12728953_568854179949374_6718166268502645287_nExtrait de l’Agenda 21 publié en 2006

 

A l’hiver 2015-2016, un cas d’intoxication et une mobilisation publique inédite permettent de révéler les points suivants : 
  • Il reste un millier de canalisations publiques en plomb dans la ville de Crest.
  • Sur 55 résultats d’analyses collectés, 41 présentent un résultat au delà de la norme de 10ug/l.
  • La Mairie refuse de publier plus de 250 résultats d’analyse en sa possession (y compris celles concernant des établissements publics) tout en reconnaissant que « probablement, l’échantillon que l’on a est un peu déformé au sens statistique du terme sur les branchements les plus anciens et les plus problématiques » Hervé Mariton dans cet enregistrement du conseil municipal du 22 février 2016.

Sur le rythme de changement des canalisations

Entre les engagements de façade de la Mairie et la réalité de ce qu’il reste à faire pour que les habitants de Crest disposent d’une eau qui respecte les normes de potabilité, il y beaucoup à faire. 

 

A ce jour, le constat du collectif est le suivant : tant que le sujet n’est pas agité dans les médias, tant qu’il n’y a pas de nouveau cas d’intoxication, la mairie ne fait pas de véritable campagne d’information sur ce sujet et ne fait pas du changement des canalisations publiques en plomb une priorité.

 

Pourtant, la ville de Crest a un taux de branchements au plomb bien supérieur à la moyenne nationale (34% à Crest, contre 5% pour la moyenne nationale).

 

D’après nos calculs, depuis 2006, près de 500 canalisations publiques ont été changées. Soit 50 changements par an, prévus au budget de l’eau. 
A ce rythme, la ville de Crest serait débarrassée de ses canalisations publiques d’ici 19 ans.

 

Dans les communications de la Mairie, c’est un rythme de 100 changements qui est mis en avant pour l’année dernière. 

 

Ce chiffre ne cache pourtant pas le relâchement complet de l’effort en matière de changements de canalisations pendant les 10 années qui ont précédé.

 

Le manque d’information provenant de la mairie

Grâce à la mobilisation publique de cet hiver, la Mairie s’est engagée à passer à 150 changements par an en 2016. En traitant en priorité les sites où les résultats d’analyses sont les plus élevés mais sans faire d’effort particulier pour informer les jeunes parents, les femmes enceintes et allaitantes et le milieu de la petite enfance.
Aussi, le fait que la mairie se base sur les résultats d’analyse du laboratoire agréé de la Drome (dont chaque analyse coute 54€ pris en charge par la mairie) pour localiser le plomb dans la ville traduit l’absence de données cartographiques précises dans les outils de gestion du réseau de canalisation. D’où l’importance de la carte que les habitants co-produisent en partageant leurs résultats d’analyses.

 

Malgré cette situation, la Mairie n’a toujours pas fait afficher d’informations sur le plomb dans l’eau dans les écoles et les crèches.

L’augmentation du tarif de l’eau de 6%

Il y a 15 jours, le conseil municipal a voté une augmentation du tarif de l’eau de 6% et Mr le Maire fait porter la responsabilité de cette augmentation sur les habitants qui exigent que cette question soit traitée. Pourtant, ces habitants ne font que rappeler la loi et les engagements pris par la mairie dans l’Agenda 21. La question du plomb est un problème de santé publique reconnu. Les experts s’accordent aujourd’hui sur le fait que la notion de seuil en deçà duquel le plomb n’aurait pas d’impact sur la santé humaine n’existe pas.

 

Le plus insolite dans cette affaire est que différentes subventions publiques étaient disponibles jusqu’en 2013 pour financer une partie de ces travaux. Le Maire de Crest étant contre ces subventions, il a marginalement eu recours à ce moyen de financement. Aujourd’hui, la mairie de Crest fait payer plus chère une eau qui n’est toujours pas potable selon la norme. Mais au dernier conseil municipal, la Mairie a reconnu qu’elle cherchait actuellement des subventions pour couvrir les coûts imposés par les prochains travaux…

Affaire à suivre.

 

Autres photographies de la réunion

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